RENTREE LITTERAIRE - Amour dans une petite ville - Anyi WANG - Editions Philippe PICQUIER - Roman - 152 p - Traduit du chinois par Yvonne André
Présentation de l'éditeur : "Dans une petite ville comme les autres en Chine, à l’époque de la Révolution culturelle, un garçon et une fille vivent une passion physique intense et bouleversante. Tous deux danseurs dans la même compagnie luttent avec violence contre l’irrésistible attirance qui les lie l’un à l’autre en défiant tous les interdits. Les corps qui dansent, qui se battent, qui s’aiment avec une fureur désespérée ou une joie radieuse, leurs odeurs, la sueur, la mélopée des porteurs d’eau près du fleuve où ils se rencontrent en secret, l’ardeur du soleil et le refuge de la nuit : dans une langue envoûtante, lancinante, ces pages racontent l’irruption du désir et des corps à une époque où ils étaient bannis. Les deux adolescents combattent en vain cette flamme qui jaillit du plus profond de leur être et qui incarne la force même de la vie.
Ce roman qui est le premier d’une trilogie (les deux autres romans sont en cours de traduction aux Editions Picquier) parue dans les années 1986-1987 en Chine, fit scandale par la franchise avec laquelle était abordée la sexualité. C’est un texte d’une grande violence, curieusement détaché aussi, sans autre morale que celle des corps, de la puissante palpitation de la vie, qui ne connaît ni barrière, ni loi ni tabou.
Du même auteur aux Editions Philippe Picquier : Le Chant des regrets éternels"
Mon appréciation : c'est le premier roman chinois que je découvre. Le moins que je puisse en dire, c'est que je le trouve percutant ! Avec précision, directement et sans contours, en permanence, l'auteure fait basculer le lecteur entre deux sentiments et sème des attitudes contradictoires. La haine n'est jamais loin de l'amour. Ce roman en donne la preuve. Dans un déchirant désir, sublimé, favorisé par la proximité liée à leur activité artistique (la danse), mais prohibé par l'Ordre Rouge, de ville en ville (au fil de leurs représentations) et de saison en saison, la lutte contre l'irrésistible attraction se transforme inéluctablement en violence jusqu'à friser la mort. Ce n'est pas sans arrière-pensée que l'occidental lecteur assistera donc à la désastreuse rupture d'un amour qu'il ne pourra s'empêcher d'estimer gâché.