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L'auteure

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En France...

 





Poésie, chanson, échanges épistolaires, théâtre, nouvelles, roman.....
L'expression écrite a-t-elle véritablement un sens ? Quelle est sa quête ?
Et la mienne, quelle est-elle, à suivre ainsi ce fil qui se déroule sur la lisière de mes rêves ?
Si je n'ai pas trouvé la réponse ni à la seconde ni à la troisième de ces interrogations, concernant la première, en expérimentant les genres cités, j'ai néanmoins repoussé mes limites, exploré ma liberté, reconnu mes barrières, plongé dans mes propres zones d'ombre, apprivoisé mes doutes, rencontré des visages, aimé des êtres uniques, anticipé sur des événements personnels, bousculé mes préjugés, consolé des chagrins, croisé des personnages pour certains retournés au néant, pour d'autres si fascinants qu'ils manquèrent de m'aveugler au point de déplorer de revenir à la substantielle réalité.

 

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 15:10
Best love Rosie - Nuala O'Faolain -  Sabine Wespieser Editeur - Roman traduit de l'anglais par Judith Roze - 529 p


4e de couverture"Après avoir vécu et travaillé loin de chez elle, Rosie décide qu’il est temps de rentrer à Dublin, pour s’occuper de Min, la vieille tante qui l’a élevée. Ni les habitudes ni les gens n’ont changé dans ce quartier populaire où elle a grandi, et la cohabitation avec Min, que seule intéresse sa virée quotidienne au pub, n’a rien d’exaltant : en feuilletant des ouvrages de développement personnel, censés apporter des solutions au mal-être de Min, Rosie se dit qu’elle s’occuperait utilement en se lançant elle-même dans la rédaction d’un manuel destiné aux plus de cinquante ans. Sa seule relation dans l’édition vivant aux États-Unis, elle se frottera donc au marché américain. Son vieil ami Markey tente bien de lui faire comprendre que sa manière de traiter le sujet n’est pas assez «positive»…
C’est au moment où elle va à New York, pour discuter de son projet, que le roman s’emballe : Min, qu’elle avait placée pour quelque temps dans une maison de retraite, fait une fugue et la rejoint à Manhattan. Très vite, les rôles s’inversent : la vieille dame est galvanisée par sa découverte de l’Amérique, elle se fait des amies, trouve du travail et un logement. Alors que Rosie est rentrée seule en Irlande, pour rien au monde Min ne voudrait renouer avec son ancienne vie. Surtout pas pour reprendre possession de la maison de son enfance… que l’armée lui restitue après l’avoir confisquée pendant la guerre. Rosie, elle, a besoin de cette confrontation avec ses origines. Profondément ancrée dans les valeurs de la vieille Europe, le passage du temps est maintenant au cœur de ses préoccupations.
La lucidité de Nuala 0’Faolain, sa tendresse pour ses personnages, font merveille une fois de plus dans ce livre drôle et généreux, plein de rebondissements, où l’on suit avec jubilation souvent, le cœur noué parfois, les traversées de l’Atlantique de ces deux femmes que lie toute la complexité du sentiment maternel. De ses romans, l’auteur dit souvent qu’ils révèlent plus d’elle que ses autobiographies… Best Love Rosie nous embarque aussi dans un beau voyage intérieur. "


Mon appréciation : on pourrait penser à la lecture de la 4e de couverture que l'on va ici assister aux frasques d'une vieille dame dans ce livre construit en 5 parties. On assiste surtout à une mise en lumière d'une transformation, comme celle que vivent les femmes à l'entrée dans la maturité. Non, ce n'est pas non plus un livre sur la ménopause !
S'accorder cette pause lecture, c'est se faire un cadeau. Car les messages que contient ce livre, disséminés ça et là, viennent interpeler le lecteur tout doucement et tendrement.
Les personnages présentés par l'auteure sont attachants et même parfois poignants dans ce qu'ils traversent. On s'y projette, happé par une similitude, une émotion, un état d'esprit, et des réflexions communément partagées.
A travers une écriture lumineuse au pouvoir ravissant, dans un décor irlandais qui place chacun face à ses réalités (entre autre l'incommensurable solitude de l'être...), ce roman propose une réflexion sur le glissement vers l'âge mûr puis la vieillesse sous les traits de Rosie, une femme lucide et attendrissante. Cette analyse n'a néanmoins rien d'un nostalgique plaidoyer. Non, elle s'effectue naturellement, sous l'influence conjuguée d'une atmosphère peu à peu opérante, de descriptions de paysages enchanteresses, d'évocations d'instants où le banal prend un sens tout particulier, poudroyé d'humour, et de moments d'amitié. Le doute trouve une pertinence, le passé incompris se clarifie, l'insaisissable d'une jeunesse devient tremplin pour autre chose à vivre, les instants perdus ou manqués prennent une nouvelle dimension, l'expérience acquise par le corps devient connaissance de soi et meilleure maîtrise de sa vie mais également sujet à questionnements profonds eu égard aux changements qu'il subit inexorablement...
Le tout  laisse entrevoir quelques sagesses ou vérités à cueillir (pour soi-même ou pour quelqu'une de notre entourage qui vivrait ce "Milieu du Gué") et ils sont d'une pure beauté.
Dans un style romanesque souvent époustouflant, avec une sensibité et cette tendresse omniprésente de l'auteure, "Best Love Rosie" est entré tout droit dans la liste de mes derniers préférés !


Les 37 premières pages à télécharger ou à découvrir ici :
http://www.swediteur.com/extraits/75/Best%20Love%20Rosie%20chap%201.pdf

Citations :
"Personne ne nous a jamais dit à quoi ressemblerait cette partie de notre vie..."
"Nombreuses sont les expériences de notre jeunesse qui semblent passer sans laisser de traces. Ce n'est qu'une apparence. Simplement, comme ces plantes que l'on sème en hiver en prévision du printemps, nous ne savons pas encore lesquelles fleuriront ou porteront des fruits. Nous devons attendre pour le savoir. Au cours de la cinquantaine, l'attente prend fin : ce que nous avions semé dans notre jeunesse, nous pouvons le récolter maintenant. C'est là une grande vérité - qu'il nous faut continuer à vivre pour savoir quelles parcelles de notre vie seront fertiles. On ne peut jamais être sûr de ce que l'on sème pour l'avenir. Il faut attendre que l'avenir advienne pour le découvrir. Le miracle c'est que, même quand le passé semble à jamais perdu, il finit toujours par resurgir. La maturité est donc l'âge des miracles. Celui, aussi, où l'on sait combien ces miracles sont rares..."


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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 21:43

Lecture du soir...

Philippe DELERM -  "La Sieste assassinée" (L'Arpenteur).

"Fruitaison douce

Automne. Il pleut des fruits. Effleurement de bogues sur feuilles couchées. Rebond sourd d'une pomme, d'une poire, d'un coing. Une noix roule sous le pied. Enfin il a fait beau pour la dernière tonte, mais le soleil descend déjà. Pourtant on a envie de rester là encore un peu, de goûter sur le banc, il ne fait pas si froid. Et puis c'est la dernière fois de cette année, sans doute. On se souvient du poème de Keats qu'on étudiait au lycée :

          Autumn
          Season of mists and mellow fruitfullness...


Mellow fruitfullness. Le prof levait les yeux au plafond, faisait avec le bout des doigts le geste de saisir une impalpable subtilité :
- Fruitaison douce, en fait, mais c'est difficile de donner l'équivalent exact en français.
J'ai bien peur qu'il ne s'agisse d'un néologisme... Et encore, il n'y a pas cette idée de plénitude... fruitfullness...

Une tasse de thé clair. On la repose au creux du banc. Sur la porcelaine blanche, le dessin vert foncé figure un décor de campagne arrondi, une diligence picaresque et drôle, mais on n'aperçoit pas Mr Pickwick. L'herbe est mouillée ou bien déjà un peu trop haute, et ça sera encore plus beau comme ça dans quelques jours, flèches blanches aux premiers matins de gel. On reste là, et la lumière lentement prend la couleur du thé. Les feuilles de l'ampélopsis en ont un feu de joue et se recroquevillent, vieilles dames cramoisies.

Il pleut des fruits secrets pour des moments très blonds, noix fraîches avec un verre de vin blanc, châtaignes à peler devant un feu de cheminée, des amis passeront. Il y aura de la compote poire-pomme-coing, un tout petit peu d'âpre engourmelé dans le sucré, le souvenir d'un grand ciel bleu sur les derniers cosmos. Fruitaison douce."
------

Rien à rajouter...
Cest simplement et tellement beau que je vous le dépose ici sans commentaires, juste par plaisir, pour que vous puissiez vous régaler ainsi que je l'ai fait de ce coup de coeur.

Belles rêveries... Bonsoir !

                                                          Ampélopsis                                                                     

http://www.rustin.fr/content/view/115/2/

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 15:02

L'ange incliné - Pierre MARI - ACTES SUD - Roman


Présentation de l'éditeur : "Alors que se profile l’âge des renoncements, un quadragénaire fait une rencontre : Anna, singulière et inespérée, ne cessera plus de le fasciner. Dans la chapelle d’une cathédrale, le lendemain, un ange incliné semble approuver ce qui advient. Mais la jeune femme a d’autres attaches. L’histoire qui commence est faite d’interstices : absences, retrouvailles, quelques journées de vacances, un minuscule voyage dans les cimes…
Grâce à elle, il lui semble s’affranchir d’une existence en berne : sa mère ressasse dans son veuvage d’anciennes rancoeurs, sa jeune soeur séjourne le plus souvent en hôpital psychiatrique, ses collègues de l’université cultivent le savoir comme ils prêcheraient la résignation. Demeure pourtant chez lui, intacte, l’exigence de l’imprévisible.
“Ne pas démériter d’une poignée d’images de jeunesse”, tel est peut-être le voeu le plus cher du narrateur. L’ange peut bien dire qu’il s’envolera : les phrases de Pierre Mari ont des lumières de paysages après la pluie. Les mots gardent et libèrent l’éblouissement.
Pierre Mari a enseigné la littérature de la Renaissance avant de quitter l’université et d’animer des séminaires dans des entreprises.
Il est l’auteur de deux ouvrages sur la Renaissance, Pantagruel-Gargantua (PUF, 1994) et Humanisme et Renaissance (Ellipses, 2000). Kleist, un jour d’orgueil a été suivi d’un roman situé dans une entreprise imaginaire, Résolution (Actes Sud, 2005). En 2006, il a publié un long entretien avec Jean Sur, sous le titre Le Côté du monde (Mettis). L’Ange incliné est son deuxième roman."

Mon appréciation :  un roman à deux vitesses à appréhender dans sa totalité car il faut se laisser véritablement mener ici, s'ouvrir à la beauté de l'écriture !  
Une splendeur et un réel enchantement, à mon sens !
Tout en contraste entre un homme au niveau d'exigence acéré en matière d'expression et une rencontre lumineuse qui plonge autant l'histoire dans un emportement fulgurant que le lecteur dans un ébahissement devant ce personnage féminin qu'est Anna. Son langage imagé, symbolique, librement fantasque, son attitude innocente et fraîche, sa sincérité et son authenticité, ne pouvaient qu'immanquablement percuter la recherche perfectionniste du narrateur. Hors tout, un amour exceptionnel vient de naître.
Grâce à Anna, l'homme se libèrera de ses carcans, renouera peu à peu avec une vie plus en lien avec ses aspirations, s'abandonnant (sans lâcher complètement sa retenue) à la spontanéité non pas primesautière mais à celle qui tend vers la pureté (intérieure et langagière) pour vivre tout de cette histoire (la rupture de 5 ans, les retrouvailles, etc...)  
Au final, pourtant, le lecteur reste médusé de cette acceptation (semblable à un renoncement ?), alors que se représente à lui - dans une convergence inouïe - l'ultime occasion de retenir pour toujours la magie qui jette les ponts par-dessus le temps et les convenances dans l'exacte concordance entre deux êtres.

Pour approfondir plus longuement cette analyse :
Podcast 1
Podcast 2 (interview captivante de l'auteur)

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 12:29
La traversée du Mozambique par temps calme - Patrice PLUYETTE - Roman - SEUIL Fictions & Cie - 317 pages

4e de couverture : "Le capitaine Belalcazar, archéologue à la retraite et vague descendant d'un conquistador espagnol, met les voiles une nouvelle fois vers la jungle du Pérou pour trouver l'or de la mystérieuse cité inca de Païtiti. Un beau bateau, une belle équipe, un itinéraire rigoureusement planifié : cette tentative sera la bonne. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Les obstacles se multiplient. On n'a pas fini d'être surpris. Et l'auteur semble y prendre un malin plaisir".


Mon commentaire :

Né en 1977, Patrice PLUYETTE obtient une maîtrise de lettres modernes à la Sorbonne, puis renonce à son projet d’enseignement pour se consacrer à l’écriture.

 

Interloquée par le titre, je me suis demandée s’il y avait la moindre allusion à un autre titre (« Dans la nuit du Mozambique de Laurent Gaudé). Je n’ai pas sauté sur le livre pour cette raison (car je n'apprécie pas les chemins empruntés par ceux qui profitent d’un succès précédant pour se bâtir une renommée facile...).
Son interview sur France 5 (émission « La Grande Librairie »), a suscité mon envie de le découvrir.

 

 

« La traversée du Mozambique par temps calme » est une parodie de roman d’aventure. Un creuset d’humour et de fantaisie en décalage du conventionnel (sans pour autant en prendre le contrepied), où l’auteur entre en interaction avec son lecteur en actionnant les leviers de la complicité et du pas sérieux.

On le lit comme on écouterait un copain raconter une histoire rocambolesque en lui pardonnant d’avance son exubérance parce qu‘il est quand même fichtrement habile dans son art ! Au fil des pages, un certain étonnement s’empare de vous, vous gloussez, vous pensez « il est déjanté ce mec !« . Vous vous demandez où il veut en venir. Mais... avec délectation vous souriez de ses audaces.
Quand il vous désigne comme d'un claquement des doigts  les trappes de son imagination, alors vous éclatez vraiment de rire !


L'auteur présente son livre lui-même dans cette vidéo :



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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 20:56
Grâce et dénuement - Alice FERNEY - Actes Sud - Roman - 289 p


4è de couverture : "Dans un décor de banlieue, une libraire est saisie d’un désir presque fou : celui d’initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d’abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu’inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu’elle entrevoit le destin d’une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.

Dans ce troisième roman, récompensé par le prix "Culture et bibliothèques pour tous", Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité."


Mon appréciation : en 4 parties et jusqu'à l'épilogue, Alice FERNEY construit un véritable camp de gitans, en passant de l'un à l'autre comme va l'amour de la vieille Angéline - d'un caractère trempé, âpre et pittoresque - à ses fils, à l'une ou l'autre de ses belles-filles (mais pas toutes !), à ses petits-enfants.
Ils sont là, vivants dans leur indigence, dignes et fiers dans leurs combats et leurs chagrins, qu'ils soient anciens ou jeunes.

Quand la romancière prend la plume pour leur prêter une parole, c'est à leurs rêves simples qu'elle offre ses mots, comme de l'eau courante, un emploi, un subside, la liberté et le droit si mal consenti, d'apprendre, de se cultiver, avec la même passion qu'ils éprouvent à aimer avec leur chair leur vie de rudesse et de dénuement.

Ce roman émeut et percute à la fois.
Oui, quand Alice FERNEY exerce ce talent qui lui est très caractéristique d'une analyse toute en finesse, tellement authentique de l'être, elle laisse émerveillée son lecteur.
"Ce qu'on garde pour soi meurt, ce qu'on donne prend racine et se développe".
Une de ses phrases puissantes dont elle vous darde en presque toute innocence, mais qui interpelle tout en prouvant la générosité de celle qui vous en fait don.
----------
Pour information, l'auteure participera le samedi 18/10/2008 à 17 h à une Conversation animée par Marc JARRY à la librairie Kléber de Strasbourg à l'occasion de la parution de son dernier roman "Paradis conjugal".

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 23:17

Le 4 septembre dernier, STRASBOURG accueillait au sein de sa Cité de la Musique, Elie WIESEL, Prix Nobel de la Paix, dans le cadre d’un débat public organisé par la librairie Kléber en collaboration avec le Fonds social juif unifié, Relatio-Europe  et la Ville de Strasbourg.

 « Si la paix est possible ici« , rappelle-t-il d’une voix grave, en évoquant la visite sur le pont franco-allemand d’un précédent Prix Nobel en cette ville, « c’est qu’elle est possible ailleurs »

Pris à partie à propos de la délivrance du Prix par sa Fondation au Président de la République française, il estime « avoir une dette envers la France » : c’est la France qu’il honore à travers son Président



Particulièrement attaché à la ville de JERUSALEM (rappelons qu’Elie WIESEL a refusé la présidence d’Israël : « Le pouvoir change la personne. J’ai peur du pouvoir. ») il garde son espérance en « ceux qui ont la passion de l’humanité » , tout comme en la littérature (« sous Staline, on a violé le langage ») défendant « le choix des mots, le mot juste, le mot vrai » dans l’expression française (« une langue refuge » car « entrer dans cette langue était entrer dans un autre univers, des fascinations, des obsessions qui font la matière de mes livres »).

 

Il met en garde contre la tentative de la haine. « Qu’y a-t-il de séducteur là-dedans ? Le beau et la haine ne vont pas ensemble. La haine c’est-ce qui dans la vie est nocif, dangereux, destructeur, et pourtant on n’y échappe pas. Comment produit-on la haine ? Qu’est-ce qui fait que la haine soit ? 

Caïn et Abel, les seuls frères au monde, sont devenus des ennemis. L’un est devenu le bourreau de l’autre. Pourquoi ? Quiconque tue, tue son frère ! Au départ Caïn ne savait pas qu’il avait tué. Il avait avant été triste, mélancolique, désespéré… il avait parlé à son frère… et il le tua. Abel avait été indifférent à la douleur de son frère. L’indifférence est le premier mal de la haine »…

« Ne te tiens pas tranquille alors que le sang de ton semblable est versé » est un verset qu’il tient devant ses yeux au quotidien. « Si quelqu’un souffre, je me dois d’être à ses côtés. Il est de mon devoir de lui dire qu’il n’est pas seul, sinon il se sentira abandonné ». Il donne ici l’image du prisonnier et de son inquisiteur qui l’humilie : tu n’es plus personne, tu es seul »

Or, ce qu’Elie WIESEL tient à dire, en tant que rescapé d’un camp de concentration, épreuve qui aurait pu faire de lui un homme de haine, sera ceci : « Tu n’es pas seul ! Voilà ce que je dois lui dire ! ». Elie Wiesel en fervent défenseur de la paix refuse d’encourager la notion de culpabilité collective mais estime : « je suis responsable de mes actes, de mes paroles, de l’interprétation qu’on donne de mes écrits (si ce n’est pas compris c’est que j’aurais dû écrire mieux) »…

Une certaine ambivalence dans cette dernière phrase, à mon avis, car comment maîtriser l’interprétation qu’un autre peut donner à ses paroles ou à ses écrits ? Atteint-on seulement la perfection un jour dans notre expression d’une manière telle qu’aucun propos ne puisse jamais plus être reçu autrement que tel que nous voulions l’exprimer ? Chacun n’est-il pas responsable aussi de l’interprétation qu’il attribue aux choses, aux événements et aux autres ?


 

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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 16:04
La conscience de Zeno - Italo SVEVO - roman - 540 pages - Folio n° 439 - Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel


4e de couverture : "Pendant de longues années, autant que dura notre jeunesse, nous nous tînmes sur la plus grande réserve et ne fîmes jamais allusion au passé. L'autre jour, elle me demanda à brûle-pourpoint, et son visage encadré de cheveux gris se colorait d'une rougeur juvénile :
- Pourquoi m'avez-vous quittée ?
Pris de court, je n'eus pas le temps de fabriquer un mensonge.
Aussi fus-je sincère :
- Je ne sais plus... j'ignore tant de choses de ma propre vie.
- Moi, je regrette, dit-elle. (Et déjà je m'inclinais à cette promesse de compliment.) Il me semble que vous devenez très drôle en vieillissant."

Mon appréciation : 
L'ensemble du roman est une confession détaillée et fort bien décrite dans laquelle Zeno passe en revue sa névrotique addiction à la cigarette, ses maux physiques, sa relation à son père et la mort de celui-ci relatée de manière plus que réaliste, l'histoire de son mariage, l'adultère, et l'histoire de son association commerciale avec Guido (l'homme qui lui a soufflé Ada dont il était amoureux avant qu'elle ne le rejette et qu'il demande en mariage par dépit dans la même journée une de ses soeurs), puis sa psychanalyse.
Portant un jugement sévère sur son thérapeute, il ne croit pas en cette discipline :
"La psychanalyse ! Une illusion absurde, un truc bon à exciter quelques vieilles femmes hystériques."

Au bout de sa confession écrite, sa personnalité s'est affermit. Il parvient à mener une activité et une vie sociale plus "respirable"  :
"La vie ressemble un peu à la maladie : elle aussi procède par crises et par dépressions. A la différence des autres maladies, la vie est toujours mortelle. Elle ne supporte aucun traitement."

Si l'on a reproché à I. SVEVO une faiblesse d'écriture, c'est un avis que je ne partage pas. Son style est minutieux, sobre. Il vous mène à travers l'histoire et les personnages en vous en faisant connaître toutes leurs particularités. C'est un trésor d'introspection.
Je suis néanmoins déçue par la fin qu'il donne à son roman.


Biographie d'Italo Svevo

Né d’une mère italienne d’origine juive et d’un père allemand, Italo Svevo passe son enfance à Trieste, qui fait alors partie de l’empire austro-hongrois. Passionné par la littérature allemande, il est également conquis par Shakespeare. Il interrompt des études de commerce en Allemagne pour revenir dans sa ville natale quand son père fait faillite. Ses deux premiers romans, Una Vita en 1892 et Senilità en 1896 passent relativement inaperçus. Déçu, Svevo abandonne ses velléités littéraires pendant près de vingt ans et se consacre à sa carrière, épouse une cousine éloignée et devient père.
Pourtant, il fait pendant cette période des rencontres d’une importance capitale. Il lit et se passionne pour Freud, qu’il décide de traduire, et fait la connaissance de James Joyce. Ce dernier, en découvrant les premiers écrits de Svevo, l’encourage à reprendre la plume. La conscience de Zeno paraît en 1923. Eugenio Montale fait l’éloge de ce récit introspectif et ironique, qui prend la psychanalyse à contre-pied.
En France, Valery Larbaud, lui aussi sous le charme de cette écriture alerte et de l’attention portée aux rouages psychologiques des personnages, contribue à son succès hors de l’Italie. Les écrits plus anciens de Svevo sont réédités et enfin appréciés. Il s’attelle à la rédaction du Vieillard, qu’il n’aura pas le temps d’achever : fauché par une voiture, il meurt peu de temps après en 1928. On reconnaît aujourd’hui en lui un précurseur du roman moderne et un virtuose du récit intimiste.
(source : http://livres.fluctuat.net/italo-svevo.html)-

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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 20:39

Siddhartha - Hermann HESSE - Le Livre de poche n° 4204 - Roman - 160 p - Préface de Jacques BRENNER

 

4eme de couverture :

 

 

« Un jour vient où l’enseignement traditionnel donné aux brahmanes ne suffit plus au jeune Siddhartha. Quand des ascètes samanas passent dans la ville, il les suit, se familiarise avec toutes leurs pratiques mais n’arrive pas à trouver la paix de l’âme recherchée. Puis c’est la rencontre avec Gotama, le Bouddha. Tout en reconnaissant sa doctrine sublime, il ne peut l’accepter et commence une autre vie auprès de la belle Kamala et du marchand Kamaswani. Les richesses qu’il acquiert font de lui un homme neuf, matérialiste, dont le personnage finit par lui déplaire. Il s’en va à travers la forêt, au bord du fleuve. C’est là que s’accomplit l’ultime phase du cycle de son évolution. Dans le cadre d’une Inde recréée à merveille, écrit dans un style d’une rare maîtrise,

Siddhartha, roman d’une initiation, est un des plus grands de Hermann Hesse. »

Mon appréciation :

On retrouve dans ce classique, les thèmes majeurs de la philosophie de Hermann HESSE, l’un des plus grands écrivains allemands : la méfiance à l’égard des doctrines, les déchirements de l’existence, le sens de la vie, l’unicité des êtres et des choses.

3 parties, de 4 chapitres chacune, nous livrent la vie du jeune Siddhartha que l’on voit évoluer jusqu’à la vieillesse.

A l’intérieur de cette existence, plusieurs vies : entre l’apprentissage innocent, l’ascèse, le jeûne, la volupté et les plaisirs de la chair, le matérialisme, la souffrance, le réveil de la conscience. Et quelle conscience ! Celle d’un constat : la solitude de chaque homme.

Puis l’Unité dans ce dernier chapitre qui m’a ravie personnellement.

Un beau roman d’initiation qui remporta un franc succès et plaît toujours aux générations actuelles.

Citation :
" Voilà une pierre. Dans un temps plus ou moins éloigné, elle sera terre, et de cette terre naîtra une plante, un animal ou un être humain... elle eset aussi Dieu... je la vénère et je l'aime non parce qu'elle peut un jour devenir ceci ou cela, mais parce qu'elle est tout cela depuis longtemps, depuis toujours je suis attaché à ces pierres, à ce fleuve, à ces choses que nous voyons et qui toutes contiennent un enseignement pour nous."

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26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 09:21
L"élégance du hérisson - Muriel BARBERY - GALLIMARD - 360 pages



Hérisson

4e de couverture : “Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bougeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’idée que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.”

Muriel Barbery est née en 1969. L’élégance du hérisson est son deuxième roman. Le précédent, Une gourmandise, est traduit en douze langues.

Mon appréciation :
qu'est-ce qui peut bien faire de ce livre un tel phénomène de vente ? 
Plus de 92 semaines qu'il figure sur les rayons ! Ceci ne pouvait qu'interpeler quelqu'un qui écrit. Plutôt méfiante envers les succès commerciaux, mais néanmoins confiante en un "Prix des Libraires 2007"... c'est sur cette question que j'ai abordé ce titre.
Eh bien, elle m'a conquise Muriel BARBERY !
J'ai ressenti dans ce roman toute une maturité littéraire.
Des réflexions intérieures profondes, une écriture "soyeuse" (
si vous voulez savoir pourquoi ces guillemets, il vous faudra lire le livre !), un ton véritable, des personnages poussés jusqu'à l''extrême dans leur logique, un regard lucide sur la société, de l'intelligence, du vocabulaire, une fraîcheur juvénile, une humanité peu à peu révélée qui emporte l'adhésion de tous, de l'humour (j'en ai pleuré de rire à un certain passage), du recul tout autant que d'implication de la part de l'auteure, une proximité, une identification et une lecture aisées, etc...
En vrac et sans ordre de préférence, mais tel que cela m'est venu, voici mon ressenti.

Alors qu'elle vous explique que les yeux ne savent pas voir, en page suivante, Muriel Barbery vous glisse des "ombres scintillantes" que votre concentration sur l'histoire vous aurait laisser échapper, mais, démonstration de ces yeux qui ne savent pas voir... c'est l'auteure elle-même qui vous demande "comment l'ombre peut-elle scintiller" !  Ah ! oui bonne question ! Et vous entrevoyez-là votre cécité ! "Elle scintille un point c'est tout" vous persuade-t-elle. Et... vous adhérez parce que vous voulez bien que celle-ci vous en conte, vous en mette plein les yeux, de ses lumières qu'elle parsème avec un plaisir infini dans son écriture. Cette auteure-là, c'est sûr, s'amuse en écrivant !!!
J'ai adoré !

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 08:11
L'espèce fabulatrice - Nancy HUSTON - Actes SUD - Essai



4e de couverture : " Ils disent, par exemple: Apollon. Ou: la Grande Tortue. Ou: Râ, le dieu Soleil. Ou: Notre Seigneur, dans Son infinie miséricorde. Ils disent toutes sortes de choses, racontent toutes sortes d'histoires, inventent toutes sortes de chimères.
C'est ainsi que nous, humains, voyons le monde : en l'interprétant, c'est-à-dire en l'inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres grands primates.
Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle - sans l'imagination qui confère au réel un Sens qu'il ne possède pas en lui-même - nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures.

Née à Calgary (Canada), Nancy Huston, qui vit à Paris, a publié de nombreux romans et essais chez Actes Sud et chez Leméac, parmi lesquels Instruments des ténèbres (1996, prix Goncourt des lycéens et prix du livre Inter), L'empreinte de l'ange (1998, grand prix des lectrices de ElleJ et Lignes de faille (2006, prix Femina). "


Mon appréciation :
c'est sur une interpellation que Nancy HUSTON ouvre ce livre :
" A quoi ça sert d'inventer des histoires alors que la réalité est tellement incroyable ?"
S'interrogeant sur la naissance du Sens - né de ce constat que "seuls de tous les vivants terrestres, les humains savent qu'ils sont nés et qu'ils vont mourir", l'auteure pose, d'emblée, que le "Moi" est une fiction. A commencer par nos prénoms et noms.
Notre cerveau est un conteur qui fabrique des fictions.
Pour dompter l'Arché-texte, s'en échapper, entre croyances, fables guerrières et intimes (amitié, amour passion,couple, amour parental, mariage, mais hélas aussi oppression des femmes, prostitution, viol, féminisme), nous nous créons un personnage, une identité fictive.
Le parallèle entre roman et vie réelle évidemment est ici incontournable.
Après avoir démontré l'importance de ces fictions - et notamment celles que constituent les romans - Nancy HUSTON concluera :
"La vie a des Sens infiniment multiples et variés : tous ceux que nous lui prêtons"...

Un véritable plaidoyer pour la fiction, indispensable à notre construction, tout comme à la survie de notre espèce, fragilisée par la dotation d'une conscience.


"Découverte sans doute avant le feu, la fiction a dû naître dans la résille de nos neurones avec le geste et la parole, et longtemps, orale avant d'être écrite et bien plus tard imprimée, elle a servi dès les commencements, à travestir l'ignorance de nos origines, à brider les peurs de l'inexplicable et à justifier les pouvoirs que les plus roublards et les plus rusés en tiraient. Et il nous en est resté quelque chose..."
(Hubert NYSSEN)


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