4e de couverture : "Après avoir vécu et travaillé loin de chez elle, Rosie décide qu’il est temps de rentrer à Dublin, pour s’occuper de Min, la vieille tante qui l’a élevée. Ni les habitudes ni les gens n’ont changé dans ce quartier populaire où elle a grandi, et la cohabitation avec Min, que seule intéresse sa virée quotidienne au pub, n’a rien d’exaltant : en feuilletant des ouvrages de développement personnel, censés apporter des solutions au mal-être de Min, Rosie se dit qu’elle s’occuperait utilement en se lançant elle-même dans la rédaction d’un manuel destiné aux plus de cinquante ans. Sa seule relation dans l’édition vivant aux États-Unis, elle se frottera donc au marché américain. Son vieil ami Markey tente bien de lui faire comprendre que sa manière de traiter le sujet n’est pas assez «positive»…
C’est au moment où elle va à New York, pour discuter de son projet, que le roman s’emballe : Min, qu’elle avait placée pour quelque temps dans une maison de retraite, fait une fugue et la rejoint à Manhattan. Très vite, les rôles s’inversent : la vieille dame est galvanisée par sa découverte de l’Amérique, elle se fait des amies, trouve du travail et un logement. Alors que Rosie est rentrée seule en Irlande, pour rien au monde Min ne voudrait renouer avec son ancienne vie. Surtout pas pour reprendre possession de la maison de son enfance… que l’armée lui restitue après l’avoir confisquée pendant la guerre. Rosie, elle, a besoin de cette confrontation avec ses origines. Profondément ancrée dans les valeurs de la vieille Europe, le passage du temps est maintenant au cœur de ses préoccupations.
La lucidité de Nuala 0’Faolain, sa tendresse pour ses personnages, font merveille une fois de plus dans ce livre drôle et généreux, plein de rebondissements, où l’on suit avec jubilation souvent, le cœur noué parfois, les traversées de l’Atlantique de ces deux femmes que lie toute la complexité du sentiment maternel. De ses romans, l’auteur dit souvent qu’ils révèlent plus d’elle que ses autobiographies… Best Love Rosie nous embarque aussi dans un beau voyage intérieur. "
Mon appréciation : on pourrait penser à la lecture de la 4e de couverture que l'on va ici assister aux frasques d'une vieille dame dans ce livre construit en 5 parties. On assiste surtout à une mise en lumière d'une transformation, comme celle que vivent les femmes à l'entrée dans la maturité. Non, ce n'est pas non plus un livre sur la ménopause !
S'accorder cette pause lecture, c'est se faire un cadeau. Car les messages que contient ce livre, disséminés ça et là, viennent interpeler le lecteur tout doucement et tendrement.
Les personnages présentés par l'auteure sont attachants et même parfois poignants dans ce qu'ils traversent. On s'y projette, happé par une similitude, une émotion, un état d'esprit, et des réflexions communément partagées.
A travers une écriture lumineuse au pouvoir ravissant, dans un décor irlandais qui place chacun face à ses réalités (entre autre l'incommensurable solitude de l'être...), ce roman propose une réflexion sur le glissement vers l'âge mûr puis la vieillesse sous les traits de Rosie, une femme lucide et attendrissante. Cette analyse n'a néanmoins rien d'un nostalgique plaidoyer. Non, elle s'effectue naturellement, sous l'influence conjuguée d'une atmosphère peu à peu opérante, de descriptions de paysages enchanteresses, d'évocations d'instants où le banal prend un sens tout particulier, poudroyé d'humour, et de moments d'amitié. Le doute trouve une pertinence, le passé incompris se clarifie, l'insaisissable d'une jeunesse devient tremplin pour autre chose à vivre, les instants perdus ou manqués prennent une nouvelle dimension, l'expérience acquise par le corps devient connaissance de soi et meilleure maîtrise de sa vie mais également sujet à questionnements profonds eu égard aux changements qu'il subit inexorablement...
Le tout laisse entrevoir quelques sagesses ou vérités à cueillir (pour soi-même ou pour quelqu'une de notre entourage qui vivrait ce "Milieu du Gué") et ils sont d'une pure beauté.
Dans un style romanesque souvent époustouflant, avec une sensibité et cette tendresse omniprésente de l'auteure, "Best Love Rosie" est entré tout droit dans la liste de mes derniers préférés !
Les 37 premières pages à télécharger ou à découvrir ici : http://www.swediteur.com/extraits/75/Best%20Love%20Rosie%20chap%201.pdf
Citations :
"Personne ne nous a jamais dit à quoi ressemblerait cette partie de notre vie..."
"Nombreuses sont les expériences de notre jeunesse qui semblent passer sans laisser de traces. Ce n'est qu'une apparence. Simplement, comme ces plantes que l'on sème en hiver en prévision du printemps, nous ne savons pas encore lesquelles fleuriront ou porteront des fruits. Nous devons attendre pour le savoir. Au cours de la cinquantaine, l'attente prend fin : ce que nous avions semé dans notre jeunesse, nous pouvons le récolter maintenant. C'est là une grande vérité - qu'il nous faut continuer à vivre pour savoir quelles parcelles de notre vie seront fertiles. On ne peut jamais être sûr de ce que l'on sème pour l'avenir. Il faut attendre que l'avenir advienne pour le découvrir. Le miracle c'est que, même quand le passé semble à jamais perdu, il finit toujours par resurgir. La maturité est donc l'âge des miracles. Celui, aussi, où l'on sait combien ces miracles sont rares..."