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Il vient un moment
Où subrepticement
Il n'y a plus rien à dire
Parce qu’on ne veut plus rire
Parce qu’on a tant dit déjà
Et que les mots gisent morts devant soi.
Il vient un moment
Où seulement
On demande qu’on nous laisse libre
De pleurer, de songer, avec peut-être un livre
Parce qu’on a tant été là
Parce que personne n’a vu que l’on était là
Et que les mots sont devenus des maux.
Il vient un moment
Où doucement
On se retire pour ne pas vivre pire
Parce qu’on a entrevu de quoi chacun est capable
Parce qu’on a vu aussi de quoi l’on est coupable.
Et que les mots ne pourront rien annihiler.
Il vient un moment
Où dignement
On s’en va vers le monde
Parce qu’il n’y a personne à la ronde
Parce que les rêves entre eux se sont heurtés
Et que les mots les rendent juste fades.
Il vient un moment
Où solitairement
On quitte les routes qui ne mènent nulle part
D’avoir trop cru qu’elles nous rendaient libres
Dans ce besoin qu’ont les hommes d’être Quelqu’Un
Tandis que les mots ont besoin de visages, de mains, de lèvres pour vivre.
Il vient un moment
Où impérativement
On pressent le sens de l’existence
Parce que l’univers sans nous est en croissance
Parce que le souffle sans nous a son unique consistance
Or, aucun mots depuis des siècles n’a jamais rien livré du secret de la Vie.
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