En ce début d'automne, j'ai croisé cinq romans.
- Le coeur régulier - Olivier ADAM - Editions de l'Olivier
après la lecture du roman de ce même auteur titré "A l'abri de rien", l'idée de suivre Olivier ADAM au Japon pour rencontrer un personnage atypique (Monsieur NATSUME, policier à la retraite, décidé - faute d'avoir passé sa carrière à intervenir quand il était déjà trop tard - à empêcher les désespérés de se jeter d'une falaise tristement célèbre), j'avais une attente particulière.
Olivier ADAM n'en livre que juste assez, avec une certaine circonspection et une trop grande réserve à mon sens.
Bien sûr, il a su m'enchanter de ses descriptions - même si j'ai plusieurs fois déploré... hum... disons, un sens commun, chose que je lui pardonne aisément néanmoins en lui accordant de l'adresse à créer une ambiance.
Mais Sarah... (le personnage féminin du roman)... Sarah ressemble tant à Marie (personnage du précédent roman)...
Si cette continuité était volontaire de la part de l'auteur, pour autant, au lecteur fidèle, cette si grande ressemblance passe pour de la facilité.
Je reste donc sous le coup de la déception, à cause de mes attentes...
- La vie adulte - Virginie MOUZAT - ALBIN MICHEL
Son roman "Une femme sans qualité" avait été remarqué en 2009.
Cette année, la chroniqueuse plante le décor dans les années 1970, dans un pavillon autour d'une mère de vison et de cigarette, aux préoccupations tournées ailleurs :
« Je sentais à distance l'inconfort où se débattait ma mère de n'être que la femme de maison. »
Dans la maison qu'elle a quittée, des enfants et un conjoint luttent isolément contre le désarroi. Les non-dits sont inquiétants.
Hors de la maison, à Paris, des femmes manifestent pour ou contre l'avortement.
Comment l'adolescente (narratrice) peut-elle se construire dans cette ombre maternelle ? Tandis qu'elle vit de douloureuses expériences, ailleurs se jouent d'autres enjeux. Dans le contexte de l'époque, pourra-t-elle comprendre qui est sa mère ?
Pesante atmosphère. Agaçants, ces personnages qui passent à côté de l'essentiel, mais... c'est probablement le but de l'auteur que d'interpeller son lecteur.
L'histoire est finalement sans grande histoire par un trop plein d'indifférence.
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A ces deux auteurs, pardon, de n'être pas emballée, mais ils sont venus après la lecture des "Déferlantes" (Claudie GALLAY) qui m'ont tant subjuguée et imprégnée que je ne m'en remets littéralement pas ! Certains lui ont reproché son style. Mais c'est justement cette écriture là au service de personnages à la psychologie particulièrement travaillée par l'auteur qui fait de ce roman l'effet d'une énorme vague de bonheur. MON COUP DE COEUR cette année.
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De fait, Eliette ABECASSIS (Une affaire conjugale), dont je découvre l'écriture à travers un livre qui me fait l'effet d'un exutoire personnel de la part de l'auteur, où les coups bas d'un couple en divorce, n'auront pas su créer suffisamment de flots en moi pour que je m'éloigne de l'univers et des gens de Claudie GALLAY.
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A présent, je me tourne vers l'étranger, avec un ancien roman : LA TACHE de Philip ROTH. Ah !!! Oui ! Là, j'embarque. Quelque chose me subjugue ! A quoi cela tient-il ?
Au sillon de l'humain si loin creusé par un grand écrivain ! Que l'on soit en empathie ou en désaccord avec ses personnages, tous développent une présence véritable, et jusqu'à leurs motifs d'agir on peut les comprendre. L'identification du lecteur s'opère à l'aune même de leurs failles et recoins sombres où se fomentent leurs choix. Et c'est avec subtilité que l'auteur amène ses retournements. Vous savez ce petit truc de plus qui vous fait dire : "ah ! mince, il m'a bien eue ! Pourtant, j'avais bien cru deviner ici ou là, mais... il a su noyer le poisson". Même si je suis Française (comprendront bien ceux qui auront lu ce livre), je vous pardonne Monsieur ROTH !!! Vous êtes trop fort !