Souvent je suis interrogée sur mes mécanismes d'écriture. On me demande comment les idées me viennent, si mes personnages sont existants, où je puise mes idées, si c'est du vécu ou si j'attrape des histoires que j'entends, etc.
Eh bien, au départ, il n'y a rien... Rien pas même une trame. Il y a seulement une impulsion ! Quelque chose qui me déclenche. Cette impulsion peut surgir de n'importe où. Elle ne prévient jamais ! Ce peut être une conversation, un reportage, un sentiment, une pensée personnelle, une lecture, une phrase entendue en passant, un lieu particulier, un paysage, un article de magazine, etc.. Le plus habituellement, l'inspiration part de la sonorité d'un mot. Un seul mot et la machine créatrice est lancée. Parfois, elle se grippe après quelques lignes. Dans ce cas, je laisse tomber. J'y reviens plus tard ou plus du tout (des dizaines de textes dans mon ordinateur n'ont qu'un titre !).
L'impulsion, c'est l'émotion. Quelque chose qui vous passe au travers.
Ce matin, par exemple, 60 vers sont nés via 3 images d'un rêve que j'ai fait cette nuit. Trois images, d'où sont arrivés 4 personnages qui n'existent pas mais qui, sans gêne et respect pour ma sacro-sainte tasse de thé, se sont invités à mon petit déjeuner. Je vous livrerai le texte dans les prochains jours, le temps de le mettre au propre (il est encore manuscrit au critérium, raturé, gommé).
Voilà donc comment naissent mes textes. La plupart du temps à partir d'un seul mot. Ensuite, les mots appellent les mots. Chacun possédant son propre pouvoir de suggestion. Je n'avais rien à dire avant. Ce sont eux qui s'imposent peu à peu. Et c'est tout pareil pour les personnages qui surgissent du néant pour prendre corps, caractère, réactions, au fil des lignes. Je m'amuse beaucoup, quand je ne m'exclame pas toute seule devant ma feuille ou mon écran, mais il m'arrive aussi de me torturer parce que j'entre dans leurs émotions, je m'identifie à eux...
Toutefois, j'ai pu constater qu'il me fallait être dans mon contexte personnel pour écrire. Chez moi, au calme (impossible d'écrire avec un téléviseur ou une radio ou des cris au-dehors qui viendraient interférer). Plus aisément le soir entre 21 h et 23 h, ou le matin juste après le réveil quand je suis encore sous l'emprise des rêves de la nuit ou de l'ambiance qui s'en dégageait.
Pour les chansons. C'est un processus différent. C'est la mélodie qui me suggère des images que je restitue en respectant les contraintes de métriques et de rimes. Certains paroliers ne s'encombrent plus des rimes, ce qui leur offre une plus grande liberté d'expression. Les compositeurs aiment recevoir eux-mêmes l'impulsion, à partir de mots, puis composent sur un texte. Donc en musique aussi, les mots donnent des impulsions.
La magie d'un texte est son pouvoir de captiver un auditoire ou un lecteur. Et quel bonheur pour moi quand quelqu'un me confie qu'il a été captivé, quand je sais que tout ceci est né de rien ! Ce rien qui tout à coup à pu faire naître une émotion ailleurs qu'en moi. Quand ça vous touche, je sais alors que j'ai accompli le meilleur !