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L'auteure

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En France...

 





Poésie, chanson, échanges épistolaires, théâtre, nouvelles, roman.....
L'expression écrite a-t-elle véritablement un sens ? Quelle est sa quête ?
Et la mienne, quelle est-elle, à suivre ainsi ce fil qui se déroule sur la lisière de mes rêves ?
Si je n'ai pas trouvé la réponse ni à la seconde ni à la troisième de ces interrogations, concernant la première, en expérimentant les genres cités, j'ai néanmoins repoussé mes limites, exploré ma liberté, reconnu mes barrières, plongé dans mes propres zones d'ombre, apprivoisé mes doutes, rencontré des visages, aimé des êtres uniques, anticipé sur des événements personnels, bousculé mes préjugés, consolé des chagrins, croisé des personnages pour certains retournés au néant, pour d'autres si fascinants qu'ils manquèrent de m'aveugler au point de déplorer de revenir à la substantielle réalité.

 

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17 janvier 2007 3 17 /01 /janvier /2007 15:03

Un peu de désir sinon je meurs - Marie BILLETDOUX - Albin Michel - 270 pages

Note de l'éditeur : "J'ai toujours autant besoin, pour écrire, de cette apparente contradiction : travailler dans le secret absolu - pour cela rien n'est plus simple, nul ne s'enquiert plus de l'écrivain que j'étais, même pas toi - et, en même temps, me sentir attendue".

Un peu de désir sinon je meurs est une lettre de l'auteur à son éditeur, dans toute la crudité de son désarroi d'écrivain : impossibilité d'écrire, difficulté de vivre après la mort de Paul, l'homme aimé, journaliste politique reconnu.

"Née de la littérature et à l'amour d'un même souffle", Raphaële avait 19 ans quand ils se rencontrèrent... Chacun vivait séparément, mais par l'autre.

Dans le silence de son éditeur, l'indifférence et l'oubli de tous, à son insu, l'écriture revient...

D'une langue lumineuse, musicale, puissante, elle tire le fil d'une liaison amoureuse hors du commun, qui connaît la grâce d'un enfant.

Histoire de deux vies, faites d'écriture et d'amour. Mais "Raphaële est morte à elle-même". Elle nous demande de l'appeler, de son premier prénom, Marie.

Par l'auteur de Prends garde à la douceur des choses (prix Interallié 1976), et de Mes nuits sont plus belles que vos jours (prix Renaudot 1985).

Mon appréciation personnelle : touchante, la femme qui nous fait pénétrer dans son intimité, ses douleurs, sa rage,  ses souvenirs, son histoire, illustrant ses pages par ces petits mots manuscrits à son intention dans leur quotidien par celui qui fut l'amour de sa vie. Eblouissant amour, du reste, singulier et passionnel, fait autant de dépendance volontaire que de liberté, de compréhension, d'acceptations, de concessions rares, qu'elle vécut avec le journaliste Paul Guilbert, à la fois son compagnon et son mentor, emporté par la maladie. L'auteure nous livre à coeur ouvert toute la beauté intérieure en même temps que les fragilités de cet homme qui appartenait à son travail et au monde tout en réservant à Raphaële les plus douces attentions, ses encouragements, jeux de langage, billets doux...  afin de l'inciter à se réaliser dans l'écriture. Mais elle nous parle surtout de son désarroi. Car, maintenant que Paul n'est plus à ses côtés, Raphaële a perdu son identité. Il lui faut apprendre à être, continuer de devenir sans lui. Pour symboliser la coupure, Raphaële s'efface désormais devant Marie. Talentueuse Marie dont le style m'a souvent enchantée. Marie qui écrit à l'éditeur de Raphaële : "A-t-on, quand on est vivant, le droit d'exiger d'autrui qu'il se comporte comme si on était mort ? Si l'on ne peut jamais apercevoir, de ce ceux que nous aimons, que la représentation que nous en faisons, qui sont-ils ? Lorsqu'on dit ce qu'on pense, on n'est plus aimé, pourquoi, lorsqu'on ne dit rien, meurt-on, voilà cher Richard, l'ordinaire de mes jours, je comprends très bien que par, par cette phénoménale intuition qui a fait ta réussite, tu n'aies pas très envie, en ce moment, de m'appeler"... ou encore en parlant de Paul : "... comme d'habitude, je reçois le feu roulant de ses questions légères ; comme d'habitude aussi c'est lui le premier qui se retire quand il l'a décidé, mais plus le front bourrelé, les sourcils serrés, l'air de dire : "je vais réfléchir, je vais voir quoi faire de ce que vous me dites", et ça entrait dans le blockhaus et on n'entendait plus parler de rien, le visage clair, au contraire, de qui n'est pas impliqué, et veille au suivi, sans affect, ni effort... Je ne rêve toujours pas de lui, c'est un grand regret, un grand mystère pour moi. Si riches étaient mes rêves autrefois, qu'il en avait peur. Un matin de 97, le café servi : 'J'ai rêvé dis-je, que vous étiez avec Une telle..." La chair de son visage s'empourpra, j'avais rêvé vrai. Si seulement il pouvait réapparaître au moins la nuit, tout aussi réelle que le jour y est la vie, puisque ce que j'y vois est accompagné sans aucune déperdition des émotions et sentiments correspondants, mon ordinaire, quand j'ai les yeux ouverts, n'est pas fait d'autre chose. Quand il voudra mien me faire cet honneur, c'est quinze heures par jour que je dormirai, on ne me verra plus"...

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