Parce que les mots ont leurs limites mais un si grand pouvoir, Parce que l'écrit est ce qui restera de plus tangible de nos passages... Parce que l'intimité se crée par le langage, Et l'amitié par les lignes en partage.
Tant de jours de silence. L'interrogation sur le renouvellement, la créativité, la répétition, la force des mots, l'impuissance à écrire au plus près de la pensée, la teneur de mes publications... L'absence s'éprend du silence. Le silence prend possession de l'espace. Et s'il avait raison ? Qu'a-t-il à me dire ?
Et puis un jour, une amie m'envoie un livre. Un livre que j'avais choisi pour elle en cadeau... Et le cadeau m'est revenu sous forme d'un prêt.
"Le petit joueur d'échecs". Son histoire s'est déployée en moi mais plus encore le talent de Yôko OGAWA à vous faire ressentir des instants suspendus où les mots n'ont plus aucun rôle. Et cependant c'est bien par des mots que la romancière nous fait pénétrer dans l'esprit des êtres, leur présence concentrée, les secondes où deux joueurs face à face s'approprient l'océan flottant d'un plateau d'échecs.
Son écriture, a été assez puissante pour m'inciter à m'arrêter plus longuement sur la bibliographie de Yôko OGAWA, une auteure qui revient régulièrement par chemins détournés jusqu'à moi. Lors, j'écoute sa voix qui évoque, doublée par son interprète. Et soudain j'intercepte une phrase plus spécialement :
"Pendant longtemps j'ai cru qu'un créateur devait créer quelque chose de nouveau, mais j'ai compris que j'avais tort. J'ai compris il n'y a pas longtemps que c'est aussi important et indispensable d'écrire à plusieurs reprises sur les mêmes sujets qui me paraissent fondamentaux et qui me séduisent."
(Yôko OGAWA - interview du 01/05/2013 sur France Culture dans le cadre la parution de son roman "Le petit joueur d'échecs" paru aux éditions Actes Sud).
Lien de l'interview : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4617792