Parce que les mots ont leurs limites mais un si grand pouvoir, Parce que l'écrit est ce qui restera de plus tangible de nos passages... Parce que l'intimité se crée par le langage, Et l'amitié par les lignes en partage.
Il y a le cliquant, les lumières, les douceurs. Il y a le plaisir des sens. Il y a les vœux. Il y a les apparats, les jolies choses, les décorations qui nous laissent ébahis comme des enfants, les nobles et bons sentiments, les regroupements, les migrations familiales, amicales ou vacancières, les spectacles et l’émerveillement, la profusion ou la frugalité, des pardons, des contritions, des effusions.
Mais il y a aussi ce qui demeure en arrière-plan, comme un fond musical permanent, chaque jour que nous occupons à nous occuper dans nos activités qualifiées par l’homme d’humaines. Nos frénésies, nos distractions, nos travaux en tous genres. Et le manque de temps que l’on met en avant avec le plus grand sérieux, souvent paravent pour cacher nos faiblesses, nos fatigues, nos besoins inavoués.
Ne m’oublie pas, dit cette voix discrète assise au fond de soi, qui vit en toute autonomie, sans visage, mais patiemment attend, ne prenant la parole que lorsque le silence se pose et que l’esprit se repose.
Lorsque timidement, celle-ci prend la parole, il semble que son message soit essentiel. Que quoi que nous entreprenions pour vivre, ce qu’elle vient de nous souffler balaie soudain la moindre tentative d’évasion, toute contestation, toute justification, toute excuse. Elle sait nos impostures et nos vitrines d’apparat, les guirlandes dont nous nous revêtons pour attirer et fasciner nos semblables.
Pourquoi, agissons-nous ainsi ?
La matérialité a-t-elle fait de nous ce que nous ne voulions pas être ? La pudeur nous a-t-elle écartés de la sincérité ? Le silence nous a-t-il engourdis dans une carapace ?
Des souvenirs nous appelons. Lesquels ? Interrogeons-nous sur ce qu’ils ont en commun. Des fils qui les retiennent, suivons le cours.
Quelle main garde ces bulles réunies, tels des bouquets de baudruches ?
Cette main, sans doute, ne demanderait-elle qu’à libérer les ballons encombrants qui voilent sa face afin de pouvoir seulement accueillir l'être qui aura su entrevoir sa présence derrière le mouvement incessant de ces cloques colorées.
Métaphore pour évoquer l’accueil, l’amour inconditionnel, la source... Nous ne savons même pas son vrai nom. Mais nous sentons bien, chacun, la constance de sa présence en nous. C’est bien ça, non, qui nous interpelle si régulièrement ? La persistance. La fixité de ce sentiment en nous, nous qui nous savons êtres de mouvance. La durabilité alors que tout change pourtant autour de nous et en nous et qu'un jour nous disparaîtrons.
Qu’est-ce que cette « chose » en nous , logée dans on ne sait quel endroit de nous, au parfum d'« évidence » , indéniable ? Cette "chose" qui incontestablement nous évide dès lors qu’elle parle ?