RENTREE LITTERRAIRE 2007 - ZOLI - Colum Mc Cann - Editions BELFOND - Roman - 336 p - traduit de l’anglais par Jean-Luc Piningre
Présentation de l'éditeur : "Des plaines de Bohême à la France, en passant par l’Autriche et l’Italie, des années trente à nos jours, une magnifique histoire d’amour, de trahison et d’exil, le portrait tout en nuances d’une femme insaisissable. Porté par l’écriture étincelante de Colum McCann, Zoli nous offre un regard unique sur l’univers des Tziganes, avec pour toile de fond les bouleversements politiques dans l’Europe du XXe siècle. Tchécoslovaquie, 1930. Sur un lac gelé, un bataillon fasciste a rassemblé une communauté tzigane. La glace craque, les roulottes s’enfoncent dans l’eau. Seuls en réchappent Zoli, six ans, et son grand-père, Stanislaus. Quelques années plus tard, Zoli s’est découvert des talents d’écriture. C’est le poète communiste Martin Stransky qui va la remarquer et tenter d’en faire une icône du parti. Mais c’est sa rencontre avec Stephen Swann, Anglais exilé, traducteur déraciné, qui va sceller son destin. Subjugué par le talent de cette jeune femme, fasciné par sa fougue et son audace, Swann veut l’aimer, la posséder. Mais Zoli est libre comme le vent. Alors, parce qu’il ne peut l’avoir, Swann va commettre la pire des trahisons."
Mon appréciation : dans ce roman à plusieurs voix, l'auteur irlandais (résidant à New York) ressucite la figure de Papusza, poétesse tzigane bannie par les siens dont il s'est inspiré pour construire cette fiction. Avec une plume magnifique et ciselée, il nous plonge dans l'enfance, la poésie, les douleurs, l'amour des siens, d'une femme au caractère bien trempé à l'âme passionnée jusque dans la tourmente de l'exil au coeur d'un pays déchiré dans son identité. J'ai été envoûtée par les passages du livre évoquant les harpes que le peuple Rom se voit contraint d'enterrer parce qu'on leur interdira de jouer leur musique. On ne peut s'empêcher de les entendre vibrer sous terre jusque sous notre peau. Le temps d'un livre la route des Roms vous apportera le souffle d'un peuple envers lequel les préjugés perdurent.
Témoignage de l'auteur : "Je ne parle pas slovaque ni rom. Je me suis rendu en Pologne, en Autriche, en Italie et surtout en Slovaquie où j’ai passé les deux mois de l’été 2004 dans des campements roms. L’accès était limité et considéré comme dangereux mais j’avais deux guides qui faisaient partie d’une fondation rom. Ils m’ont fait rencontrer des ethnologues, musicologues, sociologues…puis m’ont introduit dans le campement avant de m’y laisser pour la nuit. J’avais moi aussi, comme le journaliste de mon roman, tous les préjugés sur cette population: la peur de me faire voler mon passeport, mon argent, qu’il y ait des bagarres… Rien ne m’est arrivé et j’ai été très bien accueilli."
Pour lire le premier chapitre et lire l'interview de l'auteur : http://www.belfond.fr