
Une écriture prolyxe le caractérisait. D'un court prénom apposé à un nom sonnant, il a tiré l'un des plus inoubliables portraits de la littérature (Anna KARENINE). Auteur majeur, Léon Nikolaïevitch TOLSTOI et son style éblouissant reconnaissable entre tous, peut-il encore aujourd'hui surprendre ?
La réponse est affirmative.
Les Editions "Le temps qu'il fait" publient, en effet, dans leur collection "Corps Neuf " en format semi poche, une nouvelle titrée "Le Père Serge" dans laquelle le lecteur retrouvera en quelques 91 pages le savoir-faire stylistique et la dextérité narrative de TOLSTOI.
Derrière les tourments du Père Serge, alias prince Stepan KASSATZKY, se distinguent pudiquement les interrogations et les tourments de l'auteur aux prises avec sa propre foi, ses doutes et sa quête de Dieu.
"Oui, une bonne action, un verre d'eau donné sans la pensée de la récompense, est plus précieuse que tous les bienfaits que j'ai répandus sur les hommes. Mais, dans mes actes, n'y avait-il point un grain du désir de servir Dieu ?... Oui, mais tout cela était souillé, étouffé par la gloire humaine. Oui, Dieu n'existe pas pour celui qui, comme moi, a vécu pour la gloire humaine. J'irai le chercher", constate-t-il très amèrement après avoir vécu plusieurs vies imposées par l'expérience malheureuse d'une passion trahie.
Rien, ni les blessures d'amour ni le désir, ni le refuge dans la vie monacale, ni le don de guérison, n'aura-t-il donc prise sur la désillusion d'un homme ?