Des mois que je snobais ce roman et sa couverture commerciale aux couleurs criantes. Son titre "Les yeux jaunes des crocodiles" ne m'inspirait rien, sa 4ème de couverture sans accroche à mon sens ne m'incitait pas davantage. Je savais que ce livre se vendait bien (mon passage en librairie) et pour qui écrit soi-même le succès littéraire néanmoins interpelle. Pourquoi se vend-il, comment est-il écrit, par qui ? Pourquoi est-il si bien accueilli ? Etc... Pourtant je n'avais pas écouté ces questions puisque j'étais par ailleurs plongée dans une formation qui ne me laissait plus grand temps.
Quelqu'un de mon entourage vient de me prêter ce livre en format poche.
C'est l'été, j'ai besoin de légèreté, je dois rendre ce bien à son propriétaire et j'ai donc cédé à ces yeux jaunes... qui semblaient me faire un clin d'oeil depuis sa parution.
J'ai découvert une romancière au devant de ses personnages, leur adjoignant une attitude, un ton, un vocabulaire, une psychologie propres. Sans complexe dans l'écriture, elle mêle le crédible et le moins vraisemblable. C'est cette part d'exagération saupoudrée ici ou là qui tout à coup arrache au lecteur un sourire ou une exclamation qui y trouve plaisir. Alors, à la surface de l'histoire, naît une complicité avec l'auteur . Un peu comme on écoute un convive raconter une blague, on se pique au jeu des situations. Les personnages vivent leurs turpitudes mais cela ne déteint avec trop de conséquences sur votre intériorité. Toutefois, avec un ton tout à coup très sincère, la profondeur humaine de Katherine PANCOL déclenche de l'émotion quand surgit un temps fort relié à la vraie vie vous piégeant dans les profondeurs de l'identification ou de la projection psychologique.
Je me suis rendue sur son blog personnel. Dans ce qu'elle exprime de son travail d'auteur, je me suis retrouvée, notamment quand elle évoque l'espace que prennent des personnages dans votre véritable vie, l'obstination de l'invisible qui s'empare de vous pour vous garder dans les chemeins de l'écriture au détriment de tout appel extérieur qui s'interprète comme un empêchement d'écrire, ou un arrachement à une histoire qui se construit pas à pas et comme d'elle-même. Même si tout cela semble en contradiction pourtant avec vos antennes intérieures grandes ouvertes. En fait, c'est toujours et encore pour servir l'écriture prête à saisir le moindre détail pouvant s'adjoindre à ce puzzle dont on ignore totalement le tableau final qu'il révélera.
Evidemment, j'entrerai maintenant dans "La valse lente des tortues", second roman de cette saga, puis vérifierai si... "Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi" (paru en avril 2010). Tout ceci... pour satisfaire ma curiosité littéraire.