
Mes lectures actuelles :
- La valse lente des tortues – Katherine PANCOL – Le livre de poche
- Les déferlantes – Claudie GALLAY – J’ai lu
- Une année étrangère – Brigitte GIRAUD – STOCK
- Le bouquiniste Wendel – Stefan ZWEIG – Les cahiers rouges Grasset
- Vent printannier – Hubert HADDAD – Zulma.
J’aime diversifier mes lectures et passer d’un livre à l’autre dans un seul été. Je joue la transition.
Un livre seul parle bien évidemment à son lecteur. Mais ma passion me porte depuis quelques temps à mener à bien l'expérience de la concomitance livresque, c'est-à-dire à faire coexister les oeuvres . J'héberge donc les cinq vacanciers insolites cités ci-dessus. Je passe du matin au soir de l'un à l'autre, comme on prendrait soin d'un convive. Qu'ont-ils à me raconter ? Y-a-t-il des parallèles, des ressemblances, des points communs entre eux tous ?
Plusieurs livres que l’on aborde en même temps, conversant de façon aléatoire, vous promenant entre les sites et les époques, en développant une galerie de personnages aux antipodes et des situations très différentes, engendrent en moi une véritable fascination pour l’univers et la capacité créatrice des auteurs. Me croirez-vous si je vous dis qu'on se surprend à trouver des échos et un répondant inattendu entre les œuvres ?
Quelle ficelle tirent leurs auteurs pour conduire leur fiction ? Quels leviers pousse celui-là ou cet autre pour susciter puis soutenir la curiosité de son lecteur ? Comment passent-ils d’un chapitre à un autre ? Où suis-je suscitée moi-même dans ce livre-ci ou dans celui-là ?
Il y a de la lenteur et du mystère dans ce village de La Hague. L'insaisissable jeune femme qui s’y est installée pour dénombrer les oiseaux ne dit que si sporadiquement la douleur d'une perte . Son mode de vie tranche avec le modernisme et le rythme effréné sur fond de violence où l’innocence est rudoyée que je peux détecter dans cet autre livre. La violence est pourtant sous-tendue dans ce troisième livre dont l’adolescente est une jeune fille au pair française aux prises avec un drame familial et un cadre en total contraste avec ce qu’elle expérimente en Allemagne en entrant dans une autre famille.
Entre ces deux livres, la bizarrerie des gens, des modes de vie étranges. Une nature rude. Des non-dits. Des apparences trompeuses.
L’amour de la langue chez cet autre auteur, animateur de groupes d’écriture, délayant son style ciselé, s’engouffre dans une fusion du passé et du présent où l’exclusion revêt toujours une forme trop actuelle.
A comparer les trois livres, l’observateur n’est-il pas déjà lui-même en position d’exclusion ?
L’omniprésence de l’absent, les souvenirs qu’on farfouille inlassablement. Les attentes qui s’accrochent. À des étoiles, à la mer, à l’horizon, à un détail futile. La solitude qu’on cherche à détromper. L’erreur qu’on regrettera toujours. La chaleur d’un café, les hommes qui bavardent, qui bavardent pour meubler le vide. La mort sans pardon. L’imperfection humaine, l’innocence perdue, l’amour sous-jacent, l’amour révélé, l’amour qui s’approche.
Ce que livre veut...
Quel état d’esprit au bout de ces lectures ?
Quand un livre vous prend la main pour vous conduire dans des endroits où vous n’iriez jamais, quand un auteur vous fait traverser par projection des émotions au tournant d’un paragraphe, quand il pose une question qui trouve une réponse en vous dans une lecture parallèle, cette lecture active n’est-elle pas alors un précieux creuset ?
Lire, c’est partager la grande expérience humaine.