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L'auteure

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En France...

 





Poésie, chanson, échanges épistolaires, théâtre, nouvelles, roman.....
L'expression écrite a-t-elle véritablement un sens ? Quelle est sa quête ?
Et la mienne, quelle est-elle, à suivre ainsi ce fil qui se déroule sur la lisière de mes rêves ?
Si je n'ai pas trouvé la réponse ni à la seconde ni à la troisième de ces interrogations, concernant la première, en expérimentant les genres cités, j'ai néanmoins repoussé mes limites, exploré ma liberté, reconnu mes barrières, plongé dans mes propres zones d'ombre, apprivoisé mes doutes, rencontré des visages, aimé des êtres uniques, anticipé sur des événements personnels, bousculé mes préjugés, consolé des chagrins, croisé des personnages pour certains retournés au néant, pour d'autres si fascinants qu'ils manquèrent de m'aveugler au point de déplorer de revenir à la substantielle réalité.

 

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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 21:38
N'oublie pas les chevaux écumants du passé - Christiane SINGER - Le livre de poche
4e de couverture : "Comme une fenêtre ouverte sur le monde, les paroles de Christiane SINGER ont le ton libre d'une conversation intime. Profonde sans jamais être inacessible, simple sans être légère, elle nous invite à la réflexion et au partage, évoquant au fil de cette méditation aussi lumineuse que sensible le monde tel que nous le vivons, au carrefour de nos émotions et de nos attentes. Nourrissant son récit de souvenirs, d'anecdotes, de contes et de récits mystiques, l'auteur d'Eloge du mariage et de Où cours-tu ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? atteint, avec une grâce infinie, l'intime et l'universel, dans ce livre de sagesse dont on ressort apaisé et radieux."
Mon appréciation : jamais je ne me lasserai de la capacité qu'avait cette auteure à s'émerveiller devant la Vie ! Si j'ai pour habitude de noter, au cours de mes lectures, les passages marquants qui me rencontrent, de ceux relevés dans ce livre-là, je reproduirais une énorme partie de l'oeuvre ! Autant vous conseiller de la lire, dans ce cas, afin qu'elle vous rencontre à votre tour.
Même d'une mélancolie, Christiane SINGER faisait son bonheur et trouvait à travers cet état d'âme l'opportunité de nous faire la faveur d'une de ses magistrales démonstrations qui vous laissera planté là dans le plus total acquiescement, l'indéniable adhésion :
"Ainsi, aujourd'hui où la mélancolie me tient depuis l'aube, je sais que je vis un(e) bon(ne) heur(e) de mélancolie. Comme je pourrais vivre aussi un(e) bon(ne) heur(e) d'agrément ou même un(e) bon(ne) heu(e) de maladie ou de deuil. C'est un(e) bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. Je ne la laisse pas à l'abandon. Je sais que, laissée à elle-même, elle garderait ce ton gris des matériaux de construction oubliés sur un chantier et pèserait des tonnes. C'est l'accueil que je lui fais qui la transforme. C'est mon accueil qui en fait un(e) bon(ne) heur(e). Un(e) bon(ne) heur(e) de mélancolie. La transformation ne peut commencer que là où j'acquièsce. Comment dis-tu ? Je t'ai mal compris ? C'est de bonheur que je dois te parler, pas d'une heure de mélancolie.
Laisse-nous encore dériver. Nous ne sommes pas encore assez égarés. La poursuite du bonheur est dérisoire.
Voilà le poisson en quête de la mer ; "Avez-vous vu la mer ?". Il est émouvant. Dérisoire et émouvant. Il nage comme un fou, de plus en plus vite, de plus en plus loin. "Avez-vous vu la mer ?" Il la cherche au milieu des récifs de corail, dans les taillis d'algues violettes, dans les gouffres bleus, dans les fonds glauques. Il va là où personne n'est allé. "Avez-vous vu la mer ?" Jusqu'à l'instant où, à l'entrée d'une grotte, une pieuvre bienveillante vient à son secours : "Ne cherche plus ! Tu y es !"
Ce dénouement n'est-il pas la pire épreuve ? Est-il message plus dégrisant que cette petite phrase : "Tu y es !"
Jamais tu n'y a pas été, jamais tu n'en seras plus proche que tu ne l'as toujours été ! Jamais plus proche qu'en chaque instant de ta vie passée et à venir...
Ne peut-elle rendre fou, cette révélation que cela qui est là en permanence et en abondance autour de moi est cela même qui me manquait si cruellement, qui me paraissait si impossible à rejoindre...
Voilà. Chaque heure est la bon(ne) heur(e). Même ta toute dernière. Tant que tu attendras qu'il T'ARRIVE BONHEUR et que ce bonheur se tienne devant toi avec ses cadeaux et ses oripeaux, tu n'entendras ni le vent dans les branches dehors, ni en toi le souffle lent qui te visite, inspir... expir... :  son vrai langage et sa petite musique"
 
Et devant la Vie, ses mille et mille possibilités que nous n'explorons pas, par paresse ou manque de curiosité, la voilà qui, déplorant que "le monde moderne" soit "atrocement pratique" (ADORNO), redevient percutante :
"D'éminents biologistes évaluent à 20.000 le nombre de processus parallèles qui sont en cours dans une seule cellule de notre foie en un instant.
A pareil degré de pluridimensionnalité hallucinante - une seule cellule ! -, la probabilité pour chacun de nous d'être encore en vie dans la minute qui suit tient du miracle ! Cette nouvelle devrait entraîner des avalanches de conversions et d'illuminations. Quoi ! cette vie qui danse sa danse entre les abîmes est aussi MA vie ! Je réussis donc en cet instant l'époustouflante gageure d'un funambule qui, non content de rouler à bicyclette sur un fil tendu entre le clocher et la préfecture, porte encore deux douzaines d'assiettes empilées sur sa tête, tient un verre de cristal dans la main droite, une bouteille de vin dans la main gauche et se verse à boire tout en récitant le chant XVII de l'Illiade relatant la mort de Patrocle, tandis qu'il sourit à la jeune fille du sixième étage qui le contemple ébahie...
Voilà un bref résumé de ce dont une seule de mes cellules est capable - et moi qui suis composée de milliards de cellules, je serais là à traîner des savates, à maugréer et commenter aigrement les nouvelles du jour !"
Et les chevaux écumants dans tout ça, me direz-vous ?
Une invitation à l'humilité, tout simplement :
"Lorsque nous confondons le passé avec ses désastres et ses faillites, sa poussière et ses ruines, nous perdons accès à ce qui se dissimule derrière - à l'abri des regards : le trésor inépuisable, le patrimoine fertile. Nous agissons comme des enfants hargneux qui, sous prétexte d'une mésentente, refuseraient d'adopter la langue de leurs parents, sa syntaxe, son vocabulaire et ses phonèmes et se condamneraient eux-mêmes à aboyer et à gargouiller.
Car bon gré mal gré, nous vivons sur l'acquis multimillénaire de ceux qui nous ont précédés. Nous foulons la terre des morts, habitons leurs maisons, bien souvent ensemençons leurs terres, cueillons les fruits des arbres qu'ils ont plantés, terminons les phrases qu'ils ont commencées. Pas un coin de rue, pas une route, pas un pont, pas un tunnel, pas un paysage où n'ait oeuvré une foule invisible.
Cette conscience de l'intangible, loin de peser ou d'alourdir, ouvre le coeur et l'intelligence."
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commentaires

V
Une auteure au ton si poétique dont mon amie Mireille parle très souvent, voilà, le livre dont tu me parles vient d'être commandé, il y a tant de sagesse dans ces phrases et nous avons besoin parfois de nous blottir dans les mots des autres douillettement....
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M
J'aime cette idée de se blottir dans les mots des autres quand ils sont poésie et sagesse. Justesse, dignité, encouragement, exhortation et hymne à la vie, tu trouveras tout cela dans les oeuvres de Chrstiane SINGER. Elle devrait te rejoindre, je pense.<br /> Je t'embrasse chaleureusement.
O
Voici un livre que je lirai très certainement, une fois que j'aurai terminé la lecture des mes "Krishnamurti" ! C'est d'ailleurs toi, Marianne, qui m'a fait connaitre et apprécier Christiane Singer. J'ai suivi tes conseils cet été et j'ai adoré "Où cours-tu, ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?" et le très émouvant "Derniers fragments d'un long voyage". Ce dernier livre m'a marqué, vraiment. Ce livre a été une véritable rencontre. C'est en ayant eu la chance de lire un tel livre qu'on peut comprendre l'importance capitale de la lecture dans nos vies. Donc : merci encore Marianne !;)
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M
Pour des messages aussi incitatifs que ceux de Christiane SINGER, c'est tout naturellement qu'on a envie de se montrer "passeur". Ce sont d'ailleurs d'autres passeurs (les libraires qui m'ont formée) qui m'en avaient parlé. <br /> L'unique mérite de la "rencontre" revient d'abord à son Auteure, elle qui a su nous laisser de tels témoignages.<br /> Je partage ton avis quant à l'importance primordiale de la lecture, qui nous offre parfois de grands et inoubliables instants !<br /> A toi, merci de ta fidélité.