Elles sont là, par couples, douilletement installées dans leurs nids de branchages débordant sur les cheminées du Pavillon Joséphine du Parc de l'Orangerie, où j'ai trouvé un bel havre de plénitude sous le soleil estival pendant l'heure du déjeuner.
Elles sont magnifiques dans leurs corps allongés. Je les regarde évoluer, virevolter en grands cercles, de circonférence de plus en plus agrandie, tout là-haut dans le ciel, puis revenir, précisément sur leur nid, sans se casser la figure ! Enfin le bec ! En repliant leurs grandes ailes encombrantes et pourtant si puissantes.
Fièrement, elles renversent la tête en arrière, pliant leur cou en U pour faire entendre leur claquètement.
En écho, derrière moi, une autre cigogne reprend l'attitude, juchée pour sa part sur le sommet d'un arbre coupé où trône son nid à elle.
Et voilà que c'est en stéréo naturelle qu'elles font leur cour chacune de leur côté !
Je profite du spectacle, muette, et je me dis que c'est un instant de grâce qui m'est offert. Les cigognes quittent l'Alsace en hiver. Plus toutes car elles s'acclimatent. Ou peut-être bien les force-t-on à rester ?
Seront-elles là cet hiver, celles-ci, qui me distraient entre deux coups de dents dans mon sandwich ?
Et quel plaisir de les voir, gracieuses, dodeliner du cou, se promener sur le gazon, passant devant moi comme un promeneur solitaire, en m'ignorant superbement !