Si vous n'allez pas de temps, faites glisser le curseur de la vidéo à 16'50 pour vous arrêter uniquement sur la présentation liée à cet auteur. Elle vaut la peine de s'y arrêter, c'est un quart d'heure constructif !
Présentation de l'auteur (source le site de l'émission : )
John Berger est l’homme de tous les talents.
Né à Londres en 1926, il vit en France depuis les années 70.
Après avoir servi dans l’armée anglaise de 1944 à 1945, il étudie le dessin à Londres, puis l’enseigne de 1948 à 1955. Ses œuvres sont exposées. Dès 1952, il passe à l’écrit : critique d’art reconnu, essayiste avec le photographe Jean Mohr, scénariste de La Salamandre, en 1971, avec Alain Tanner, auteur de théâtre avec Nella Bielski...
Avec Qui va là ?, en 1996, il signe son premier roman aux éditions de l’Olivier, qui publient toute son œuvre romanesque : Photocopies (1999) ; G (2002) ; D’ici là (2007)... Romancier des mutations du monde, John Berger explore les thèmes de l’exil, les migrations et les déplacements de populations.
En l'écoutant répondre aux questions de François BUSNEL, animateur de l'émission, j'ai relevé plusieurs réflexions majeures, qui m'ont donné l'idée de créer sur ce blog une nouvelle rubrique que j'appellerai tout simplement "Ils ont dit...". J'y viendrais de temps en temps, au fil de ce que j'entends ou lis, déposer des phrases ou pensées interpellantes.
JOHN BERGER a ce don d'interpeler.
Il base son travail d'écrivain sur l'écoute :
"Ecouter les autres, c'est quelque chose livré par la vie".
Amenant sur le plateau de l'émission une sandale très usée, il explique comment lui-même construit ses livres :
"...imagine... cette sandale est dans un placard, comme ça... C'est une sandale d'homme, avec lequel tu es très intime. Oui ? Tu la prends.
- Je te tutoie parce qu'on tutoie toujours le lecteur ou la lectrice. -
Tu la prends. Et tu assembles le pied. Et le mollet. Et le genou. Et la hanche. Et le menton. Et les dents. Et ça... représente une absence. C'est pas une absence d'un mort. Parce qu'après le deuil, après la mort, dans un sens un mort qui décroche est un petit peu partout. Mais lui... qui portait cette sandale est ailleurs. Pas partout. Ailleurs. Possiblement ça peut-être vous... Donc c'est un livre qui essaie de raconter cette absence. En même temps, ce n'est pas perceptible. Parce que cette absence est liée avec une lutte. Une lutte pour un monde plus juste. Un monde qui est jugé par les autres polarités que les perdants et les gagnants...."
"La vie est une histoire en train de se raconter" fait-il dire à l'un de ses personnages du livre tandis que celle qu'il vient de raconter déjà a captivé l'auditoire.
Pour éclaircir cette phrase, John BERGER explique sur le plateau : "Nous voyons nos vies tout le temps comme une histoire qui est en train d'être racontée... et avec l'attente, il y a la reconnaissance de cette vie. Et souvent ça n'est pas le cas"...
"Entre l'espoir et l'attente, quelle est la différence ?" l'interpelle l'animateur.
"L'attente appartient au corps et l'espoir vient de l'âme ou de l'imagination. Tous deux se parlent, s'excitent, se consolent, mais leurs rêves diffèrent".
Dans la bouche de Aida, le personnage féminin de ce livre, il pose une interrogation : "Comment un renoncement devient-il un don pour celui qui renonce ? Si nous comprenions cela, nous n'aurions plus peur."
François BUSNEL prie l'auteur de répondre à cette question :
"Je crois que ça à voir avec la réceptivité.... Pour déposer l'acte de possession... et quand vous refusez de posséder quelque chose, cette chose s'ouvre, arrête d'être opaque et à ce moment on reçoit quelque chose"...